Accueil / Vidéos Avignon pas à pas - Trois poèmes Par Francis & Liliane, Mai 2021
Avignon pas à pas...
Troisième promenade
Trois poèmes
Rue des des Teinturiers
Rue du Bon Pasteur et rue Franche
Derrière la place saint Didier
La rue des Teinturiers
C'est la fraîche oasis du rêve et du mystère
D'où monte la prière, où pleure le regret.
Là, le silence et l'ombre offrent leur double attrait
À qui porte un secret dans l'âme et veut le taire.
Le flot bleu de Vaucluse au canal transparaît,
La roue en s'égouttant l'éparpille par terre
Donne de la fraîcheur à la chapelle austère ;
Le pénitent se trouble à ce charme indiscret.
Au pied de cette tour que l'ogive décore,
L'âme de Laure rôde, et nous attire encore.
L'eau vient baiser les bords où reposa sa chair.
C'est ainsi que, malgré la course et son épreuve,
La Sorgue filiale, à qui ce nom est cher,
Se souvient de sa source en tombant dans le fleuve.
Paul Manivet, 1913
Quand le soir descend ou que la nuit est venue, il faut se perdre dans les étroites rues (…). On entre dans le noble passé d’Avignon, dans ce qui est sa gloire, sa poésie et son charme. Des coins d’ombre, des noirs d’eau-forte sont égratignés par la lumière d’une lampe, un corridor ouvert montre une voûte de chapelle gothique ; les lourdes portes cloutées sont fermées, et derrière les barreaux de fer des fenêtres grillées on verrait parfaitement quelque blonde Florentine attendant l’heure de la sérénade.
(…) Entre juin et octobre, les belles nuits d’Avignon ont toujours un air de fête populaire au XIIIème siècle, une gaîté qui ne manque jamais d’élégance et, même sur les placettes les plus désertes, il y a comme un écho de violon, un reflet de lanterne vénitienne.
Derrière Saint Didier il y a sur une placette une petite maison appuyée au vieux mur de l’église. Elle n’a qu’un étage et, de sa fenêtre, en étendant le bras on doit pouvoir toucher la Vierge de pierre qui est dans une niche. Deux croisées à rideau bleu tendre, une plante dans un pot. Ce modeste appartement est loué, mais chaque fois je regrette de n’en être point le locataire.
Leo Larguier, Les matins
Les Comtadines.
Blondes aux yeux d'azur, brunes au front vermeil,
Filles de notre ciel et de notre soleil,
Paysannes et citadines,
Vos charmes ne sont point par la mode trahis.
Comme on vous reconnaît !
Vous êtes du pays,
Même sans coiffes comtadines.
L'âme du Comté chante en vos propos joyeux ;
Jeanne, Laure, Zani rient encor dans vos yeux;
Vous êtes la vivante flore
Qui réjouit la rue, embaume le foyer ;
Et que, pour nous séduire ou pour nous égayer,
L'amour chaque avril fait éclore.
Sur nos trottoirs souillés, sur nos pavés pointus,
Je tremble pour vos pas, comme pour vos vertus.
Votre essor ailé me console;
Je me dis en voyant l'une de vous passer :
Ses pieds ne semblent pas sur le sol se poser,
Et, pour l'éviter, elle vole.
Votre charme retient le troubadour errant.
Vous êtes l'idéal dont Pétrarque s'éprend,
Et sur vous la gloire rayonne ;
Depuis, ce qui parfois, comme un souffle léger,
Murmure à votre oreille, en vous faisant songer,
C'est un sonnet qui papillonne.
Paul MANIVET