Madones de Provence
Le culte marial, déjà très répandu au Moyen Age, connaît un nouvel élan au XVIIème siècle avec la réforme catholique. La Provence devient le porte-drapeau de la contre-réforme en France et de nombreux sanctuaires mariaux sont crées ou restaurés. Les maisons particulières des notables de village s’ornent de statues de la Vierge dans des niches, à l’instar de celles d’Avignon. Les confréries constituent un relais important du culte de la Vierge, et Marie devient le prénom féminin le plus donné au cours des XVIIIe et XIXe siècle, en particulier en Provence.
Les Vierges noires résultent d’un syncrétisme entre les traditions gréco-romaine et celte, quand les divinités étaient taillées dans un bois sombre ou noirci, mais leur origine vient de plus loin encore. Figures maternelles, symboles de fécondité et de source de vie, invoquées surtout en période dé sécheresse, on en dénombre une vingtaine en Provence mais il en existait jadis beaucoup plus.
Les statues de Vierges noires sont le plus souvent « trouvées » dans un champ, un sillon ou un buisson ; les plus anciennes portent l’Enfant, qui ressemble à un adulte pour symboliser sa sagesse innée, dans une pose rigide. Selon les légendes récurrentes, quand on les déplaçait elles revenaient d’elles-mêmes à l’endroit où elles avaient été découvertes, où on leur construisait une chapelle. Elles faisaient l’objet d’une grande dévotion, on les portait en procession habillées de riches vêtements et parées de bijoux.
Après la contre-réforme, l’Église a cherché à réprimer les manifestations trop ferventes, parfois presque idolâtres, de la piété populaire. Les Vierges noires ont souvent été reléguées dans des cryptes, des chapelles, remplacées par des statues dorées ou polychromes, ou même repeintes en blanc. (A Marseille, Notre-Dame-de-la-Garde, ancienne Vierge noire devenue dorée, est passée de la crypte au sommet de la basilique).