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Par Jean-Michel & Liliane, Octobre 2020
La Vice-gérence
Non loin du Palais des Papes, le palais de la Commune, appelé aussi palais consulaire et Cité du Palais, fut élevé au sommet d'un piton rocheux. Le gouvernement communal a duré de 1129 jusqu'au milieu du XIIIème siècle. Le bâtiment est alors occupé par les podestats, premiers magistrats de la ville. En février 1284, c’est là que les Avignonnais prêtèrent serment de fidélité au comte de Provence Charles II.
Au XIVème siècle, c’est la résidence du maréchal de la cour romaine et du viguier, décorée à la manière des livrées cardinalices. Les pouvoirs politiques, administratifs et judiciaires appartiennent, à Avignon, à un viguier assisté de deux juges, tous trois nommés pour un an par le sénéchal de Provence. Un sous-viguier dirige la police municipale. Dix agents, ou compagnons, composent sa garde particulière et trente-deux sergents sous le commandement d'un capitaine assurent la sécurité publique.
Des conflits de juridiction se produisirent à plusieurs reprises entre le personnel de la cour royale et celui du maréchal de la cour pontificale préposé à la répression des délits.
Le camérier, ou camerlingue, chargé du service personnel du pape s’y installe ensuite.
Armoiries au-dessus de la porte d'entrée sur une portion privée de la rue de Mons.
En 1413 le bâtiment devient le tribunal de la vice-gérence de la chambre apostolique d'Avignon pour les opérations fiscales, institué par François de Conzie, archevêque de Narbonne, camerlingue du Saint-Siège, légat et vicaire d’Avignon, en vertu d’une bulle du pape Jean XXIII en date du 20 novembre 1412.
Le vice-gérent, dit aussi auditeur de la Chambre apostolique, est chargé de la juridiction domaniale et fiscale sur les États pontificaux d'Avignon et du Comtat Venaissin. Cette juridiction, civile et religieuse, traite également les causes civiles et criminelles des ultramontains, les contestations contre les collecteurs de la Chambre, ou concernant les religieux, l’Université, les monnayeurs et les familiers du pape.
Par une bulle de 1445, le pape Eugène IV établit la juridiction du vice-gérent sur tous les exempts des juridictions ordinaires, qu’ils soient religieux, militaires, moines ou mendiants. Il l’étend même sur les docteurs et les écoliers de l’université, mais en 1514 ceux-ci sont mis sous la juridiction de leur primicier (recteur de l’université).
Morcelé à la Révolution, le bâtiment devient la Maison commune après le rattachement à la France en 1790.
Au XIXème siècle, devenu très vétuste, le bâtiment est pourtant occupé par les locataires. Le 29 septembre 1834, en pleine nuit, le mur sud de la tour s’effondre sans faire de victimes mais en laissant les 27 familles prisonnières des décombres. Les habitants se sauvent par les toits, par les échelles apportées par des sauveteurs, dont l’un délivre trois jeunes enfants isolés sur un plancher suspendu au-dessus du vide.
"Criée" pour la mise aux enchères de l'office de garde sceau de la cour de la vice-gérence appartenant à la Chambre apostolique (27 avril 1626)
Restitution du tympan
Bien qu’il soit le seul édifice roman qui ait subsisté intra-muros, il est ensuite abandonné et tombe en ruine. Finalement classé au titre des Monuments historiques et entièrement restauré, il est transformé en restaurant étoilé et en appartements privés. L’un de ces appartements conserve des traces de sa magnifique décoration de fresques.
Restitution contemporaine d'un carrelage
Bibliographie
Robert Bailly - Chronique et Histoire d’Avignon en 365 jours
https://www.jstor.org/stable/41746271?seq=10#metadata_info_tab_contents
Coignet – Etude de réhabilitation de la vice-gérence en Avignon - Edité par le Ministère de la Culture. PARIS - 1982
Joseph Guérin - Discours sur l'histoire d'Avignon, suivi d'un apperçu [sic] sur l'état ancien et moderne de cette ville, et sur les monumens et les objets qui peuvent fixer l'attention des voyageurs - 1807