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Accueil  / Art & Histoire / Guillaume Puy                                                                                         Octobre 2023

Guillaume Puy, le maire modèle

Louis Xavier Bonard - Portrait de Guillaume Puy

    François Ignace Guillaume de Puy, fils de François Haycinthe de Puy, trésorier général du pape Benoît XIV, et d’Antoinette Reine d’Armand, naît à Avignon le 29 janvier 1751, sous le règne de Louis XV.

L'Hôtel Armand ou Pagezy, du XVIIIème siècle, résidence avignonnaise de la famille Puy

place Bonnard dans le passage de l'Oratoire

Sa famille jouit d’une grande notoriété et d’une fortune bien établie : rentes, propriétés,  six importants domaines autour de Sauveterre (Gard), maisons, hôtel particulier. Guillaume suit des études au collège des Jésuites, installé dans l’actuelle bibliothèque Ceccano.

 

Etant attiré par une carrière militaire, quant il a vingt ans son père lui achète une charge de sous-lieutenant dans un régiment de dragons (militaires se déplaçant à cheval mais combattant à pied). Il la quitte en 1789 avec le grade de capitaine et la croix de saint Louis.

Croix

de saint Louis

Il épouse Joséphine de Veyle en 1791 et reçoit en cadeau de son père le château de Sauveterre avec toutes ses dépendances. Ils se partagent entre leur maison de la rue du portail Magnagnen et Sauveterre. Ils ont deux enfants : François mort à huit mois et Antoinette, née en 1793, qui épousera à l’âge de seize ans le marquis de Cambis. Son épouse meurt à 26 ans, en septembre 1795, peu après leur fils.

Il ne prend pas part aux premières années de la Révolution, contrairement à son frère, condamné à mort sous le nom de Dragonnet en souvenir d’une propriété familiale à Sauveterre, et guillotiné. Trésorier de la commune depuis 1794, Guillaume Puy est nommé maire d’Avignon le 6 germinal an III (26 mars 1795), en raison de sa réputation d’honorabilité et d’énergie, afin de pacifier le département en proie à l’anarchie et soulager la misère après le dur hiver 1794-1795.

 

L’année précédente, c’était des artisans et des hommes du peuple qui avaient occupé le pouvoir local, mais après la Terreur le conseil communal est rendu aux notables modérés.

Il y a fort à faire : Garde nationale fanatisée, famine et misère, insalubrité, vengeances, insultes et rixes constantes entre partisans de Robespierre et royalistes qui sèment la « Terreur blanche », les deux partis faisant preuve d’une férocité rarement égalée.

Fervent partisan de paix et d’ordre, Guillaume Puy réorganise la Garde nationale et rend l’église saint Pierre au culte pour satisfaire de nombreux citoyens. Cependant, la famine menace et il lance un emprunt de 300 000 francs remboursable au taux de 4 % en 6 mois, garanti sur ses biens personnels et ceux de ses collègues qu'il a réussi à convaincre. Cet emprunt acquis par les élus et non par la commune reste un fait unique dans l’histoire d’Avignon. Il parvient à augmenter le traitement des fonctionnaires communaux en vendant les anciennes portes vermoulues de la ville.

La Garde nationale

En quelques mois, il s’attaque à l’insalubrité en regroupant l’abattage du bétail à la «tuerie», l’abattoir de la rue de la Calade. Il rétablit la fonction de garde-champêtre pour protéger les récoltes.

Il participe à la réhabilitation du village de Bédoin, qui avait été dépecé entre quatre communes voisines après avoir été incendié et dont 63 habitants, hommes et  femmes de tous âges avaient été décapités ou fusillés par des révolutionnaires fanatiques suite à l’arrachage d’un « arbre de la liberté ».  

Il obtient que  la commune de Morières, détachée d’Avignon qui ne pouvait plus subvenir à son ravitaillement, y soit réintégrée.

La pyramide en souvenir des victimes de la Révolution à Bédoin, qui existe toujours.

En octobre 1795, il doit renoncer à son poste en vertu d’une loi qui interdit à tout parent d’immigré d’exercer un mandat public. Durant les quatre années du Directoire, il se retire des affaires municipales, mais, après le coup d’Etat du 18 brumaire, Bonaparte s’étant attribué la désignation de tous les maires et préfets le réinstalle dans ses fonctions en mai 1800. 

Jusqu’en 1806 il va faire preuve d’une intense activité.

Il créé un bureau de bienfaisance rue des Ortolans, financé par les contributions volontaires des citoyens. Nombreux en effet sont les Avignonnais réduits à la mendicité, ruinés par les exactions des divers partis, affaiblis par la faim, la maladie, les deuils. « Hommes sensibles et charitables, suivez le penchant de votre cœur pour le soulagement des indigents, la satisfaction que vous éprouverez sera votre plus douce récompense ».

Il réorganise complètement le Mont de Piété,avançant de nouveau ses fonds personnels, en y installant une « condition des soies » afin de fournir du travail aux habitants, et alimenter les fonds de l’institution. Les notables sont incités à faire des dons.

 

Le commerce de soieries à Avignon devient florissant.

Musée de la Condition des soies

Archives Municipales

Louis Léopold Boilly - L’inoculation contre la variole, 1807

Il promeut la vaccination antivariolique, gratuite pour les indigents, apportant tout son soutien au docteur Pamard qui avait fait vacciner ses propres enfants. Il réforme la pratique des sages-femmes, leur faisant passer un examen prouvant qu’elles sont aptes, fait surveiller de près les portefaix du port et les Compagnons du devoir, nombreux dans les ateliers, qui provoquent sans cesse rixes sanglantes et troubles à l’ordre public.

Il relance l’économie d’Avignon en instaurant un grand marché place Pie, inauguré avec cavalcade, char triomphal, feux d’artifice et bal ; il fait organiser de nombreuses fêtes populaires. D’autres marchés sont créés sur diverses places, au Charbon, aux Herbes, aux Bois…

 

Les négociants sont incités  par de multiples avantages afin de faire revivre les foires annuelles telles saint André, saint Mathias. Un « octroi de bienfaisance » destiné à apporter des fonds aux hospices et œuvres charitables, est rétabli. Les boulangers sont dans l’obligation d’afficher les prix en rouge.

Pierre Grivolas - Marché de la place Pie - Musée Calvet

Il fonde une école de dessin, trois écoles primaires, une secondaire, toutes publiques et gratuites, un lycée installé dans l’ancien collège des Jésuites devenu une caserne, et fait recruter après examen instituteurs et professeurs. Membre de la société d’érudits de l’Athénée, qui deviendra l’Académie de Vaucluse, il instaure deux prix destiné à promouvoir la culture de vers à soie et la recherche d’un meilleur engrais pour les cultures.

 

Il crée le premier musée d’Avignon grâce aux tableaux sauvegardés des églises et à un cabinet d’histoire naturelle légué à la ville, ainsi qu’une bibliothèque. Il rend peu à peu au culte les églises épargnées par les destructions. 

Buste - Archives Municipales

Il décerne des prix d’agriculture pour encourager les défrichages et remises en culture, fait à nouveau entretenir les routes et renforcer les protections contre les inondations, celle de 1801 ayant causé des dégâts considérables.

 

A force de persuasion, il obtient le financement d’un canal de 8 km et d’un pont de bois afin de relier Avignon au Gard.

 

Les anciennes mesures rendaient les échanges incroyablement complexes, et il fait adopter, non sans mal, le système métrique pour rationaliser les échanges.

Le canal Puy, en ceinture verte

Paul Saïn - Vue d'Avignon - Musée Calvet

Au premier plan à gauche, le pont de bois

Carte postale

Portrait de Guillaume Puy – MINOLLI - Inv 862.3

Don en 1844 à la Fondation Calvet

Propriété de la Fondation Calvet

Fête de l’agriculture – Pierre RASPAY 

Inv 861.1 Don en 1835 à la Fondation Calvet

Propriété de la Fondation Calvet

Il dépose la candidature d’Avignon pour accueillir l’une des succursales des Invalides dans les anciens couvents des Célestins, saint Louis et au séminaire saint Charles, ce qui contribue à renforcer l'économie de la ville..

Mais en 1806, il démissionne suite à un important désaccord avec le préfet. En 1811 il est  de nouveau nommé par l’Empereur qui le qualifie de « Maire modèle » et les Avignonnais l’accueillent en fanfare à l’Hôtel de Ville.  Durant cette mandature, il accepte le legs d’Esprit Calvet qui devient le musée du même nom.

Assassinat du maréchal Brune

Il continuer de veiller à améliorer la salubrité de la ville, de promouvoir l’agriculture et l’artisanat, de veiller au bien-être des plus démunis. La période est très troublée : se succèdent Premier Empire, Restauration, Cent-Jours, deuxième Restauration monarchique… Le passage de Napoléon à Avignon donne lieu à une tentative d’attentat manquée de peu ; les tensions entre bonapartistes et royalistes sont plus fortes que jamais, des troubles éclatent et Guillaume Puy présente sa démission en jullet 1815. Devant l’insistance de ses administrés, il revient sur sa décision mais l’épisode de violence et de férocité qui se conclut par l’assassinat du maréchal Brune qu’il ne peut empêcher malgré son intervention, pendant laquelle il est lui-même renversé et maltraité, le désespère. Il déclare que c’est « une tache éternelle pour la ville ».

A la suite des traités signés avec les vainqueurs de la guerre qui fait rétablir la monarchie, la Provence et Avignon sont occupés par les troupes autrichiennes, plus de 3000 hommes et 444 chevaux, qui mettent à mal l’économie de la ville.

 

Fatigué et découragé par la violence endémique, Guillaume Puy finit par démissionner en septembre 1815 et se retire dans son château de Sauveterre. En trois mandats, il aura été maire pendant 11 ans et 3 mois. Elu député par les Avignonnais il ne reste que quelques mois à l’Assemblée Nationale.

Château de Sauveterre

Il décède en son château en juillet 1820 et est inhumé dans le cimetière de l’église de Sauveterre. Sa sépulture est déplacée dans le cimetière communal en 1976.

Le préfet de saint Chamand avait écrit à son sujet :

 

« Il n’est et ne sera jamais l’homme du gouvernement, c’est l’homme de la ville,

il ne tenait pas Bonaparte, il ne tient pas au roi, il ne voit que le bien d’Avignon »

La rue Guillaume Puy est percée entre 1881 et 1891, entre la Porte Limbert et la rue Carreterie, en réunissant les anciennes rues des Clés, de Puit et des Barraillers.

 

La fontaine de la place Pasteur supporte le buste de Guillaume-Puy  par  Claude André Farigoule collaborateur du sculpteur Charpentier. Inauguré en 1894, fondu pendant la 2ème guerre mondiale il a été remis en place à l’identique en 1989.

Vidéo : Mémoires apocryphes de Guillaume Puy

Bibliographie

- Philippe de Montillet de Grenaud – Biographie de  « Guillaume Puy, le Maire modèle » et étude sur le château de Sauveterre.

- Marc Maynegre - De la porte Limbert au Portail Peint

- Fondation Calvet

Tous nos remerciements vont à M. de Montillet de Grenaud qui nous a fourni de précieux renseignements sur Guillaume Puy et nous a reçus au château de Sauveterre.

Merci à la Fondation Calvet pour sa participation.

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