Gargouilles
Un jour, une créature au corps de reptile, à la tête écailleuse, aux dents énormes et aux yeux brillants, surgit de la Seine en crachant des torrents d’eau qui détruisirent les récoltes. Appelé Gargouille, le monstre se réfugia dans les marais du Malpalu, à l’est de Rouen, ou peut-être bien dans la forêt du Rouvray et « dévouroit et détruisoit les genz et bestes du païs »
Personne n’osant s’attaquer à elle, seul saint Romain, un prêtre qui deviendra évêque de Rouen et mourra en 640, s’offrit à en débarrasser les habitants, à condition qu’ils se convertissent au christianisme et construisent une cathédrale. Assisté par un condamné à mort, il se rendit dans l’antre de Gargouille. Sur un signe de croix, la bête se coucha au pied de Romain qui lui passa son étole autour du cou et l’emmena comme un chien en laisse.
Les Rouennais, méfiants, la condamnèrent au bûcher sur le parvis de la cathédrale (qu’ils avaient donc construite très vite) mais seul son corps brûla. Sa tête et son cou restèrent intacts.
Saint Romain, cathédrale de Rouen
Cette légende de la Gargouille ne figure dans aucune des vies du saint ; c’est probablement une invention, à la fin du XIVème siècle, des chanoines de la cathédrale de Rouen dans le but de justifier le privilège qui leur permettait, tous les ans, de libérer un prisonnier condamné pour un crime non prémédité. Celui-ci portait les reliques de saint Romain en procession et était relâché.
Une légende qui rappelle bien sûr celle de la Tarasque.
Toujours est-il que les sculpteurs de pierre des églises gothiques donnèrent le nom de «gargouilles» aux avancées de gouttières permettant de rejeter l’eau de pluie loin des murs, tout en les transformant en motifs décoratifs pleins d’imagination : animaux familiers ou fantastiques, personnages grimaçants, grotesques et torturés…
Elles ont également une fonction apotropaïque (qui conjure le mauvais sort et protège contre les influences mauvaises), repoussent le Malin et sont les gardiennes de l'édifice contre les démons et contre les pécheurs.
Tête de chien XIVeme siècle
Palais des Papes
Elles étaient censées hurler à l'approche du Mal, visible tel les sorciers et les magiciens, ou invisible.
Les gargouilles du Palais des Papes
Les gargouilles du Petit Palais
Petit Palais
Rue du roi René, Hôtel Berton des Balbes de Crillon
Mi mascarons mi gargouilles
Temple saint Martial
Palais du Roure
Place saint Pierre
Place des Carmes
Place saint Didier
Et gardons nous d’oublier que si les effrayantes gargouilles sculptées dans la pierre se tiennent tranquilles le jour,
à la tombée de la nuit elles se remettent à vivre…
Sitographie
/www.rouen-histoire.com/Saint-Romain/Gargouille