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Petites histoires au sein de la grande Histoire...
Celle d'Avignon est riche en anecdotes, tragiques ou cocasses. Page 1
Quand un préfet égratigne un archiprêtre
En 1905, Aristide Briand, député républicain socialiste, fait voter la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat : les églises deviennent des associations de droit privé. Les relations diplomatiques avec le Vatican sont rompues, la France est profondément divisée. Il faut faire accepter l’article 4 qui accorde la gestion des innombrables biens mobiliers et immobiliers de l’Eglise à des associations cultuelles. Il est prévu un inventaire de ces biens, dont une partie sera rendue aux associations et l’autre saisie par l’Etat ; mais cela suscite de fortes résistances dans la population et des incidents parfois meurtriers ont lieu. Le conflit ne sera apaisé qu’en 1924.
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"Le rapport de M. Briand sur la séparation.
Puisqu'il le faut, séparez-vous, mais tâchez de rester bons amis."
L’archevêque d’Avignon, monsei-gneur Sueur, recommande une «attitude ferme mais passive ». En février 1906, la troupe s’apprête à enfoncer les portes de l’église saint Agricol où s’est enfermé l’archiprêtre Faury. Celui-ci décide de les ouvrir mais la foule est nombreuse et très en colère.
Louis Agricol Montagné -
Portrait de Jules Belleudy - Musée Calvet
Jules Belleudy, journaliste politique, trésorier-payeur, écrivain, historien, critique d'art, collectionneur et horticulteur, fut aussi sous-préfet et à cette époque, préfet de Vaucluse, En cherchant à arracher la protestation que voulait lire Faury, il égratigna le petit doigt de ce dernier. L’affaire fit grand bruit !
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La foule devant saint Agricol en février 1906.
L'armée en place devant saint Didier
Pendant ce temps, l’église saint Symphorien aux Carmes, entourée de piquets d’infanterie dès l’aube, recevait les sommations d’usage, avant que la porte n’en soit défoncée. « On entre avec une certaine appréhension, bien compréhensible ; personne ne se montre. Sûrement les fidèles, prêts à mourir pour leur foi et pour leur curé, sont réfugiés dans quelque chapelle obscure et dans la sacristie, attendant le martyre, mais non ! L’église est bien vide. » (Extrait du Petit Vauclusien républicain du 15 février 1906)
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Crucifix réalisé en 1906 avec des fragments de la porte de saint Symphorien fracturée lors des inventaires.
D'après un texte de Michel Gromelle et "Avignon au XXème siècle" de Vincent Flauraud - Editions Benezet