top of page

Septembre 2023

Petites histoires au sein de la grande Histoire...

Celle d'Avignon est riche en anecdotes, tragiques ou cocasses.

 

Page  15

Tremblement  de  terre  et  clocher  penché

    Par une soirée tranquille de juin 1909, peu avant 21h15 les oiseaux se mettent à voler bas en criant, les chiens hurlent à la mort, les chevaux piaffent et se cabrent… puis deux violentes secousses ébranlent la Provence : c’est un séisme de magnitude 6,2 sur l’échelle de Richter. Ce fut l’un des plus puissants survenus en France métropolitaine, survenu à partir de la chaîne de la Trevaresse, une succession de collines entre Venelles et Lambesc.

L’échelle de Richter, due à un sismologue américain en 1935, estime qu’à 7 le séisme est destructeur. Et il le fut. Le village de Lambesc et Salon de Provence furent particulièrement touchés, mais les dégâts et destructions de maisons se comptèrent dans tout le sud de la France, jusqu’à Perpignan et Gênes en Italie : près de 3000 constructions endommagées pour un coût de plus de deux milliards de francs. On déplora 46 morts et 250 blessés.

 

Ci-contre, les dégâts à Lambesc

« Neuf heures un quart venaient de sonner au lointain. Des bruits familiers retentissaient dans la maison et subitement, un vacarme de vaisselle qui tombe, un plancher qui fléchit, une suspension qui se met à décrire un cercle fantastique, un grondement qui se prolonge, qui augmente, qui assourdit, des meubles qui grincent, qui roulent sur le sol ; enfin le fracas d'un bombardement, un obus qui éclate. Une voix, à mes côté, prononce ces mots : Un tremblement de terre ! Que s’est-il passé ? J’ai couru au premier étage, j’ai arraché des enfants en pleurs de leurs lits, j’ai dégringolé des marches, ouvert une lourde porte et je me suis trouvé dehors, sur un sol mouvant !  Cela n'a duré que vingt secondes ; il y a de ces instants où les forces se centuplent »

Témoignage d'Alfred Émile Sorel, romancier

 

A Pertuis, selon un agriculteur  : « Les arbres sont secoués comme par des enfants quand ils veulent en faire tomber les fruits. Les blés environnants agitent les épis qui en se heurtant font un bruit qui n'est ni celui du vent, ni de la faux. »

Les secours s’organisèrent dès le lendemain, « les sauveteurs improvisés travaillant de nuit au milieu des maisons écroulées et des murs branlants ». « Le désastre était grand ; il n’eut d’égal que l’empressement que l’on apporta de tous côtés à l’organisation des secours. »

 

Le colonel du génie cantonné à Avignon envoie par train spécial deux compagnies avec du matériel de campagne pour secourir les habitants des localités plus particulièrement touchées.

Militaires et Sauveteurs. Photo artistique H. Ely

Soldats du Génie déblayant une partie effondrée à Salon

Clémenceau, ministre de l’Intérieur, envoie son sous-secrétaire d'État visiter les villages endommagés. Dans les jours suivants, plusieurs secousses se font sentir – les cloches de certaines églises sonnent toutes seules – et les habitants paniqués préfèrent dormir à la belle étoile, sur les places et dans les jardins publics. D’autres s’enfuient en colportant de terribles descriptions: églises et monuments détruits, maisons écroulées, lézardées, rues défoncées, routes impraticables.

Le lendemain, tous les journaux annoncent que la Provence a tremblé.

Et Avignon ?

 

Les oscillations durent quatre secondes environ, ce qui suffit pour que la porte de la Ligne soit ébranlée au point que des étayages provisoires sont nécessaires pour la soutenir.

 

Une maison s’effondre rue saint Agricol, des murs se lézardent, des colonnes s’inclinent comme celles du musée Angladon. Un jardinier de saint Ruf se blesse en tombant de son échelle, et la malheureuse Mlle Clarisse Dieu, atteinte d’une maladie de cœur, meurt de frayeur dans les bras de sa mère.

 

Le clocher des Augustins est sans doute le témoin le plus spectaculaire des conséquences du séisme, même si ce dernier n’est pas uniquement en cause. De même celui de l’église de Montfavet..

De nombreuses personnes préfèrent, là aussi, veiller dehors par crainte de répliques et la colonie italienne d’Avignon est particulièrement angoissée, se souvenant du désastre de Messine en décembre 1908. Mais il n'y eut aucun mort à déplorer dans le Vaucluse.

 

Ce fut le dernier soubresaut de la terre en Provence, dû au rapprochement des plaques africaine et eurasiatique. A quand le prochain ?

bottom of page