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Petites histoires au sein de la grande Histoire...

Celle d'Avignon est riche en anecdotes, tragiques ou cocasses.

 

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Rien à déclarer ?

     L’octroi est constitué de taxes indirectes que le roi « octroie » par lettres patentes au profit des villes.  Il permet de contrôler le va et vient des marchandises et de limiter la contrebande, pratique très courante. Les aristocrates, les magistrats et le clergé bénéficient d'exemptions, ce qui rend cette taxe encore plus impopulaire.

Les droits d’entrée et d’octroi remontent au XIIème siècle, hérités des droits de port athéniens et des portoria romaines. Pour mieux les contrôler, Louis XIV commande à l'architecte Claude Nicolas Ledoux 57 barrières reliées par une enceinte de 24 km autour de Paris : ce fameux « mur murant Paris rend Paris murmurant… »

A Avignon, nulle porte monumentale pour faire payer l’octroi aux commerçants et paysans venus vendre leurs marchandises intra-muros, mais de simples bâtiments avec parfois un logement de fonction accolé aux remparts, ou même une cabane dûment munie d’une table, d’une balance, de formulaires, tickets, buvards, tire-bouchons…. Vingt-sept bornes et poteaux indiquent les limites de l’octroi. Il n’en reste aujourd’hui que trois, sur le chemin des canaux, le chemin de Bonaventure et l’avenue de la Folie.

L'octroi de la Porte saint Lazare

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Borne sur le chemin des canaux

On compte soixante six agents en 1926 : sept sont titulaires d’une carte de tramway, neuf ont une plaque de bicyclette. Le bureau central a doit à quatre carabines à baïonnettes et le receveur de l’entrepôt possède un revolver. L’octroi des escaliers du Rocher des Doms fait peu recette, aussi son receveur y a-t-il établi un atelier de cordonnier ; de crainte que l’administration supprime son poste, il glisse dans les recettes un peu de ses fonds personnels…

Sont taxés les vins récoltés par le propriétaire et vendus chez le cabaretier, les vins « étrangers », la viande de taureaux et bœufs, vaches, génisses et veaux, moutons, chèvres et brebis, agneaux et chevreaux, de cochons tués par  l'éleveur, la charcuterie, les combustibles, fourrages et matériaux tels que chaux, briques, suif, fenêtres et carreaux, charbon de bois. Les produits dits de première nécessité, blés et farines, en sont exclus. Les bouchers, charcutiers, aubergistes, cabaretiers, bouchouistes (celui qui tient un bouchon, c'est-à-dire un cabaret) et cafetiers sont tenus de déclarer les viandes et boissons entreposés dans leur établissement. Les piquettes, boissons à base de marcs de raisin fermentés avec de l'eau, sont exemptées de droit à condition de ne pas être commercialisées.

Collection Janine Suau-Aramand

En cas de fraude avérée, un garde champêtre, un huissier ou un fourrier (comptable) peuvent vérifier les faits et le contrevenant est condamné à une amende égale à la valeur de l'objet déclaré.

 

Pour éviter de payer les droits d’octroi sur le vin, il suffit cependant d’en déboucher les bouteilles et d’en boire une gorgée avant de passer la barrière. Certains paysans s’arrêtent sous la halle de fer de la Porte saint Roch pour écouler leurs œufs, fruits et légumes ; le propriétaire d’un cochon tué ailleurs, s’il réside dans les limites de la commune doit le déclarer pour qu’un employé de l’administration vienne estimer le poids de la bête et fasse payer la taxe correspondante, ce qui au final coûte plus cher à la ville que le gain rapporté.

Ci-contre, un ouvrier portant une couronne en fer-blanc remplie d'alcool, un bidon à double fond et une femme équipée d'un corset à tournure dissimulant de l'alcool.

L’octroi fonctionne du lever au coucher du soleil, moment où des chaînes sont tendues pour éviter tout passage de charrois. Ce qui n’empêche pas les (nombreuses) tentatives de fraudes qui font le régal des caricaturistes et de leurs lecteurs, de tout temps farouchement opposés à l’octroi. En 1789 à Paris, ce seront les premiers bâtiments à être démolis…

Dites-donc M’sieu l’employé d’octroi,

est-ce par amour ou par devoir ?

Supprimé en 1791 à la grande joie des citoyens, rétabli sept ans plus tard, de nouveau supprimé en 1851 mais resté en vigueur, l’octroi ne sera définitivement abandonné, à Avignon comme partout,  qu’en 1948.

 

Bien d’autres taxes l’ont remplacé depuis !

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